Les crédits Disques Pathé Marconi Paroles & Musique N. Peyrac Arrangements J. Musy, R. Romanelli et N. Peyrac (Les cocotiers bleus) Direction artistique et réalisation C. Dejacques Photo T. Boccon-Gibod
La petite histoire
1976 Et mon père
Un matin de 1974, je suis en cours à la fac de médecine Pitié Salpétrière, je ne me souviens plus si c’était un cours de neuro ou un exposé sur la maladie d’Adisson, ce que je sais c’est que le cours ne m’intéressait pas vraiment et que comme d’habitude dans le même cas de figure, j’écrivais des bouts de phrases sur d’autres feuilles que les feuilles de cours… Ce jour là, je pensais à mon père qui m’avait un jour affirmé que c’était en risquant de rater sa vie qu’on était sûr de la réussir, il a toujours eu un vrai don pour ce genre de phrases qui deviennent parfois importantes pour celui qui les entend! Je pensais à lui qui m’avait dit qu’il me soutiendrait pendant le temps qu’il faudrait si j’avais le sentiment que la création et la chanson en particulier c’était mon truc, ma passion! Et plus je pensais à lui, moins j’écoutais le prof et plus les mots s’alignaient sur la page… Parfois, sans qu’on sache pourquoi, les écritures deviennent des évidences et au bout de cette fichue heure de cours bénite, j’avais tout le texte de la chanson… Comme c’était sûrement mon jour, la mélodie m’est venue en traversant la rue pour rentrer chez moi à deux pas de la fac… Ne sachant toujours pas écrire la musique, je n’avais qu’une peur, c’était qu’on me parle et que je perde le fil de ma chanson avant d’avoir pu l’enregistrer sur une cassette… J’arrive chez moi, je l’enregistre et elle fera partie des titres que je montrerai à Claude Dejacques et à Jean Musy à la rentrée 1975, en plein milieu du succès de So far away from L.A, parce que comme à cette époque là on sortait des 45 tours avant les albums, Pathé Marconi avait décidé de mettre un coup de boost et de sortir un nouveau single vers le mois de novembre pour profiter, les petits malins, des ventes de Noël! Gérard Lenorman m’avait invité à l’Olympia en septembre 1975, j’y avais d’abord chanté So Far away from L.A et puis comme j’avais fait écouter Et mon père à Gérard, et qu’il l’avait trouvée sympa, il m’avait proposé de la chanter aussi et j’avais pu me rendre compte de l’accueil des gens, un accueil plus qu’agréable… Mais les doutes étant ce qu’ils sont, juste avant la sortie du 45 tours, j’étais persuadé que la chanson ne plairait pas aux média qui attendaient sûrement la suite de So Far away from L.A… Bizarrement, Europe1 qui avait été la radio starter de So Far away from L.A fut la dernière à soutenir Et mon père, en revanche je crois me souvenir que le premier à y croire fut Jean-Pierre Elkabbach qui à l’époque présentait le journal de France Inter… Le 45 tours sorti en novembre 75 devenait disque d’or en décembre ou janvier et du jour au lendemain, les gens ont été capables de mettre un visage sur la voix de celui qui avait chanté So Far away from L.A. Encore aujourd’hui, Et mon père fait partie de moi comme So Far away from L.A, comme un point de repère… Je ne remercierai jamais assez ce fameux cours à la fac, toutes mes excuses à celui que je n’écoutais pas, mais on pourra dire que c’était pour la bonne cause!